PASSIONS DE CAMARGUE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
PASSIONS DE CAMARGUE

Abrivado, Bandido, Chevaux, Course Camarguaise, Encierro, Manade, Parc Régional de Camargue, Razeteurs, Taureaux etc... Notre Belle Région entre Eau Terre & Ciel

Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

Vous n'êtes pas connecté. Connectez-vous ou enregistrez-vous

Une ferrade au XVIme siècle

3 participants

Aller en bas  Message [Page 1 sur 1]

1Une ferrade au XVIme siècle Empty Une ferrade au XVIme siècle Mar 7 Déc - 19:11

myrdinn

myrdinn

Dans un vieil ouvrage, « La Provence Louée », édité en 1551, Pierre Quiqueran de Beaujeu, né en pays d’Arles en l’an 1526, et qui fut nommé évêque de Sènes en 1546, nous décrit une ferrade de son pays natal. Il est très intéressant de reproduire ce texte qui est, de nos jours, un appréciable document d’histoire.
Pierre Quiqueran de Beaujeu mourut jeune, à 24 ans, et c’est fort regrettable car, sans nul doute, il nous aurait laissé bien d’autres écrits pour nous éclairer sur ce XVIme siècle en Provence.


D’entre tous ces ébats, celui-là est le plus célèbre qui se prend au temps, qu’il est question d’imprimer avec un fer rouge la marque des maîtres en la fesse des taureaux les plus grandelets. Or, tous ainsi que les uns ont des troupeaux de cent, les autres de deux cents, plusieurs de cinq cents bœufs ; aussi faut-il, par nécessité, qu’ils fassent marquer ceux qui leur viennent de surcroit à mesure qu’ils les voient déjà grandis : si mieux ils n’aiment les perdre tout à fait, ou les laisser errer à l’aventure.
Pour la ferrade, on fait élection d’une belle et grande prée, bien unie, où il n’y a ni ronces, ni pierres, toute nue, sèche, ferme, large communément, de quatre mille pas en tous sens. Et l’un des bouts, et tout à l’extrémité est logé le gros du troupeau ; et en l’autre, diamétralement opposé, on assemble un grand tas de bois qui soit bastant d’entretenir un bon feu… dans lequel on jette les fers et y demeurent à chauffer jusqu’à ce qu’ils en deviennent rouges. Et, en ce lieu, les gardeurs du gros bétail, appelés gardians, les bouviers et toute cette race de Messieurs ralliés à grandes troupes, fondent de tous côtés : car ils se prêtent gratuitement la main les uns aux autres. Les uns arrivent à pied, les autres montés sur des chevaux très vites et légers à la main, qu’ils ont de réserve si bien dressés qu’ils n’attendent jamais le temps de celui qui leur est dessus. Ils galopent très doucement et d’une justesse admirable, ils tournent à toutes mains, ils reculent, ils poussent en avant, et avec une gentillesse passade, ils esquivent artistement le heurt de l’animal furieux. On y convie plusieurs gentilshommes, recevant à faveur d’y être appelés. Aucuns y viennent sur des chevaux d’élite, qu’ils élèvent en grand nombre, pour relayer et s’en servir en ces seules occasions.
Tous ces gens attroupés là, sont armés d’une même sorte de pique, laquelle est ainsi faite, que pour tant de coups qu’on en rue contre les taureaux, elle ne les offense point, ni les blessures ne pénètrent trop avant dans le corps… La façon en est telle ; on choisit un long bois en forme de pique (le vulgaire le nomme une haste) de quinze pieds de long si c’est pour un homme à cheval, si c’est pour un piéton, elle est de huit. C’est la hampe du trident, laquelle n’est pas une partie d’arbre, mais un arbre tout entier avec toute sa moelle.
Le gros bout de cette hampe est morné d’un fer à trois pointes dont celles des deux côtés sont plus courtes environ de deux doigts. Or, en tel équipage, les gens à pied sont campés alentour du feu, éloigné pour l’ordinaire d’environ deux mille pas du gros du troupeau. A celle fin, que les taureaux, harassés par leurs longues courses perdent les forces et le courage… Quelle force serait celle-là qui pourrait arrêter une bête si furieuse, quand tout fraîchement elle part ?… les choses ainsi ordonnées, les piqueurs s’en vont au petit pas vers le gros, le vacher assignant à chacun d’eux l’animal qu’il doit entreprendre et bien regardé qu’ils l’ont entre deux yeux, poussant leurs chevaux à toute bride, chacun lance soudain le sien, et le sépare de la troupe en lui fermant le pas avec le trident, et lui ôtant, par ce moyen tout espoir de se rejoindre aux autres : on en baille à mener un à chacun ou à deux tout au plus si le taureau est trop puissant : que s’ils le voient rétif à prendre le serres droit vers le feu déjà préparé, ils l’accueillent à force de coups et le serrent de si près qu’il s’échauffe de rage et lors œilladant les gens à pied, il se rue impétueusement sur eux et notamment s’il en aperçoit quelqu’un se produisant hors des autres pour le venir affronter. Plusieurs se présentent seuls comme cela, estimant que leur honneur y coucherait, si en de telles affaires, ils avaient un compagnon. Mais au taureau repoussé d’un grand coup de ficheron, parfois si justement asséné qu’on le voit chanceler, portant le fer cruellement fiché dans les naseaux, l’homme quittant habilement la haste, saisit la corne gauche avec la main et en lui tirant le pied de devant qu’il empoigne de la main droite, le pousse de l’épaule et l’abat d’une si rude secousse que la terre en retentit du coup. Là accourent promptement tant ceux qui doivent retenir la bête faisant ses efforts pour se démêler, se relever, que ceux qui portent les fers à marquer, tous rouges du feu et là, sur le champ sans s’effrayer de son meuglement horrible, on le marque, comme dit la poète, du nom et des enseignes de la famille.
Cela fait, tout le monde gagne à pied, pour reprendre vitement le ficheron. L’animal se voyant délivré, se relève gaillardement et se tient coi et ferme sur ses pieds comme s’il avait quelque chose à consulter : soudain ayant prémédité son coup, il jette, çà et là son affreuse vue et dès qu’il voit quelqu’un, qui n’est autrement sur ses gardes, le détriant des yeux et des gestes, le va choquer d’une impétuosité du tout étrange et repoussé qu’il est avec le fer, il en va accueillir un autre, de là il se rue sur un troisième et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il les ait affrontés un à un… Au bout, hochant la tête et heurtant les vents à coups de cornes, il se retire en pleurant. Ceux qui, par oubliance, par surprise ou par précipitation sont moins habiles à reprendre leur trident au même instant n’aprêtent pas moins à rire aux spectateurs. Pendant qu’en ce désordre, ils vont cherchant leur besogne, l’animal les surprend et se lance sur eux. C’est plaisir de les voir gentiment culbuter parmi la place si que du coup qu’ils donnent, la terre porte empreintes les traces de leurs corps. Toute la matinée employée à marquer ces jeunes taureaux, le festin s’apprête très bien aux dépens du Maître où les conviés (hors les plus apparents lesquels faisant porter leurs vivres après eux font leur ordinaire à part) ne pensent qu’à s’égayer… Le vin, les viandes, le hâle leur donnent déjà sur la tête, en sorte que ne pouvant plus durer, ils crient tous d’une voix qu’on fasse venir le taureau. S’il ne reste autre chose à faire, on l’amène.
D’onques, les piqueurs remontent sur leurs chevaux et s’acheminent au petit pas vers le gros (du troupeau) qui les attend de pied coi. D’où par une rude charge de ficherons on lance le plus farouche qui se puisse choisir en la troupe. Un escadron de gens à cheval l’investit et l’encerne de tous côtés et vous l’amène ainsi tout doucement. C’est sans doute qu’en telle enceinte et conduit on lui use de supercherie : car ce n’est que pour le faire arriver plus frais au lieu où il est attendu. A mesure qu’il est venu si avant, qu’il n’y a quasi plus de sept pas de distance d’eux, à la troupe des gens à pied. Voilà qu’on pousse cet animal plein de fougue, écumant de rage de se voir porté si près de ces hommes et en redoublant le pas, on le précipite à force de coups dans la foule des piétons. En de telles affaires, la fortune joue diversement. Le taureau couvert, les blessures et sans que pour ce, il relâche de sa fougue, abat, renverse, atterre, tout ce qui lui vient en rencontre. Du côté des hommes, l’un a rompu son trident, dont le fer tient encore aux naseaux, se trouve désarmé, à l’autre la hampe après avoir joué une bonne heure lui tombe des mains… Bref chacun est contraint de souffrir le même risque…
Quoiqu’il en soit, cette manière de récréation jadis très familière aux Empereurs Romains, lorsque dans le cirque ils faisaient courre les taureaux par les chevaliers de Tessalie, baille aujourd’hui à notre jeunesse (si vous mettez à part le danger de la vie) non que du plaisir, mais de l’avantage pour la santé. Car, outre l’assurance d’être bien à cheval, qu’on ne saurait accueillir par un meilleur moyen les membres du corps en deviennent plus robustes et prennent une certaine habileté qui lui profite grandement. On ne peut pas nier que par une cavalcade assez violente faite non en une seule fois ou d’une seule traite, mais en tournant si souvent à toute main, les parties d’en bas ne soient dégourdies à outrance quant à celles d’en haut, en quoi sauraient-elles montrer leur bonne disposition et adresse, qu’à manier à belles mains un trident bien lourd : où les forces du corps sont toutes bandées, pour être prêt et adroit à pousser ou à arrêter cet animal ?

Quiqueran de Beaujeu

mouvementé et plutôt violent

http://chevauxdecamargue.cowblog.fr/

2Une ferrade au XVIme siècle Empty Re: Une ferrade au XVIme siècle Lun 13 Déc - 10:44

cadoret

cadoret

ce qui sont aller au mas st gabriel ( manade nicollin )on put voir dans la grande salle de reception une reproduction en faience sur tout le pan d'un mur d'une scene de ferrade datant de l'epoque cité sur le post !!! cette fresque murale est vraiment magnifique !!!! les details sont saisissant !!!! les personnages multiples !!!! vraiment beaux !!!! j'ai cette image sur un de mes livres je cherche et vous la montre !!!!

3Une ferrade au XVIme siècle Empty Re: Une ferrade au XVIme siècle Lun 13 Déc - 10:54

myrdinn

myrdinn

ah ça serait super merci Very Happy

http://chevauxdecamargue.cowblog.fr/

4Une ferrade au XVIme siècle Empty Re: Une ferrade au XVIme siècle Mer 15 Déc - 13:54

cadoret

cadoret

voila !!!! pas de la meme epoque mais cela donne une idée de la violence !!!!
Une ferrade au XVIme siècle 00112

5Une ferrade au XVIme siècle Empty Re: Une ferrade au XVIme siècle Mer 15 Déc - 14:25

myrdinn

myrdinn

les tridents ressemblent à des fourches ça fait peur Shocked

http://chevauxdecamargue.cowblog.fr/

6Une ferrade au XVIme siècle Empty Re: Une ferrade au XVIme siècle Mer 15 Déc - 15:17

cadoret

cadoret

autre temps !!!
Une ferrade au XVIme siècle 00311

7Une ferrade au XVIme siècle Empty Re: Une ferrade au XVIme siècle Mer 15 Déc - 15:20

myrdinn

myrdinn

ils étaient pas tendres d'ailleurs quand on y réflêchit il n'y a pas qi longtemps que les cocardiers ne finissent plus à la bourgine...

http://chevauxdecamargue.cowblog.fr/

8Une ferrade au XVIme siècle Empty Re: Une ferrade au XVIme siècle Mer 15 Déc - 18:18

Gypsie

Gypsie

cadoret a écrit:voila !!!! pas de la meme epoque mais cela donne une idée de la violence !!!!
Une ferrade au XVIme siècle 00112


CRUELLE SCENE ....

Contenu sponsorisé



Revenir en haut  Message [Page 1 sur 1]

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum